Quel est l’ADN de la continuité numérique dans la Construction : enjeu stratégique de la filière pour une construction durable

Les travaux menés au sein de buildingSMART France (site technique ici) et du projet national MINnD ont fait émerger des outils ouverts permettant une continuité numérique sur l’ensemble du processus de la construction. D’ailleurs, la digitalisation des pratiques rendue nécessaire par la crise sanitaire, ne peut atteindre ses objectifs de productivité sans cette continuité numérique. L’implémentation de standards – arrivés à maturité pour acquérir le statut de norme international – a permis de mettre à disposition des industriels de la construction les outils de la continuité numérique.  A l’origine de ses progrès : des actions collectives de la filière, accompagnées de la prise de conscience des entreprises qui intègrent progressivement outils et process BIM de plus en plus fréquemment à la demande des donneurs d’ordres.

La clé : l’openBIM

L’openBIM est la manière de travailler en BIM avec des processus et des outils informatiques interopérables s’appuyant sur des normes internationales ou européennes ou des standards ouverts. La maîtrise et le contrôle de la gestion des données comme des échanges, donc la création de valeur des entreprises de la filière, se joue clairement maintenant en trois étapes : la structuration des données ; la sémantique des échanges et les plateformes collaboratives. Une des clés de la généralisation de l’usage de l’openBIM passe par la montée et la valorisation des compétences : c’est pourquoi buildingSMART France a voulu mettre à disposition du marché français un label de formation openBIM et une certification individuelle internationale.

Le socle de la continuité numérique

Trois normes, porteuses d’une cohérence très forte, offrent des solutions techniques avec la possibilité d’avoir une description numérique complète et pérenne des ouvrages, en associant la couche sémantique nécessaire à la mesure de la performance.

  • L’ISO 16379 sur les IFC et leur extension 4.3 pour une représentation numérique normalisée des ouvrages de la construction, soumise à l’ISO fin de 2021.
  • La série ISO 19650 (partie 1 à 5) sur le Management de l’information décrit de façon normalisée l’organisation des échanges de données tout au long du cycle de vie d’un projet.
  • La NF EN ISO 23386, offre une approche normalisée de description des propriétés et des performances des objets de la construction.

Du managérial aux services

Ces normes offrent un cadre permettant d’assoir une stratégie managériale de pilotage des projets et des ressources dans cette perspective numérique. Au-delà des enjeux techniques à résoudre, les aspects managériaux sont primordiaux pour réussir cette transition numérique et accompagner tous les collaborateurs. Enfin, elles laissent entrevoir une nouvelle approche de l’offre de services numériques, s’appuyant non plus sur des outils qui se chargent de la gestion des données mais au contraire sur une structuration de la donnée et de la métadonnée comme point de départ des services associés. L’approche des outils est donc inversée.

Réappropriation des métiers sur l’IT

Avec l’élargissement du scope des IFC 4.3 une étape importante de la structuration des données par des modèles conceptuels partagés est franchie : la profession s’est réappropriée l’expression et la structuration de ses données, en fonction de ses besoins et de ses logiques métier. Le contrôle de la sémantique des échanges est aussi très engagé. La nouvelle étape à engager, concerne la maitrise de la gestion du processus des échanges via les plateformes collaboratives. Sur la base de l’ISO 19650, le secteur de la construction a défini les spécifications techniques des futures plateformes pouvant s’intégrer dans les projets européens tels que DigiPLACE et GAIA-X.

Questions d’avenir

Les cas d’usages développés pour répondre aux enjeux du jumeau numérique et du bas carbone ne pourront pas être réalisés sans avoir préalablement identifié et structuré la sémantique concernée. Des enjeux de positionnement concurrentiel sont également à l’ordre du jour. Les métiers de la construction doivent, là aussi maitriser les processus d’échanges et les processus techniques s’appuyant sur les engagements contractuels, sans être pour autant tributaires des fournisseurs de solutions informatiques. Ainsi, la Construction s’autorise à être un des acteurs clefs de cette politique et répondre aux enjeux de la transition numérique au service de la transition énergétique.

Texte extrait du 4 pages diffusé à BIM World 2021, écrit par bSFrance et le pn MINnD

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