Nombreux sont les pays européens qui ont décidé d’inclure le BIM dans leur stratégie nationale. Mais au-delà des initiatives de chaque pays, une action européenne a été lancée : l’European Union BIM Task Group. Un programme présenté lors du BIM World par Adam Matthews, coordinateur de ce groupe de travail, et auquel participe la France sous l’égide du Plan de Transition Numérique du Bâtiment.
Collaborer pour une stratégie BIM européenne
Ces dix dernières années, 12 pays d’Europe ont développé des stratégies nationales autour du BIM. Avant les années 2010, c’est le Nord de l’Europe qui se montre pionnier en matière de BIM : Norvège, Finlande, Danemark…. L’annonce du Royaume-Uni en 2011 va produire une véritable émulation en Europe : Pays-Bas, Suède, France, Estonie, Lituanie, Espagne et Allemagne se lancent à leur tour. En février 2015 émerge l’idée de regrouper ces divers acteurs afin qu’ils œuvrent ensemble à la numérisation du secteur de la construction au niveau européen. De là est né l’EU BIM Task Group.
Les risques de l’absence de collaboration
Lors de BIM World 2016, Adam Matthews a pointé que l’absence de collaboration entre les pays présentait divers risques : augmenter la charge financière, ralentir la croissance économique et engendrer de la confusion sur le marché. Sans compter que cela rendrait difficile pour les entreprises de travailler de manière transfrontalière. D’où ce concept de Task Group, où les pays travaillent non pas en compétition mais en collaboration. Selon Adam Matthews, l’industrie a besoin de clarté et de repères. Ce groupe de travail a vocation à lui fournir les moyens d’y parvenir.
Créer un marché européen du BIM
L’objectif l’EU BIM Task Group est de constituer un marché unique numérique pour le secteur de la Construction d’ici 2020, un marché ouvert, équitable et compétitif. La réussite s’illustrerait par la convergence des secteurs du numérique et de la construction. A la clé : efficacité, productivité, transparence, un bon rapport qualité-prix et de la croissance.
Adam Matthews a tenu à préciser que les actions du groupe de travail ne comprenaient pas l’écriture de standards, mission d’ores et déjà portée par buildingSMART International pour les aspects pré-normatifs ou le CEN et l’ISO pour les aspects normatifs. Il s’agit plutôt de donner une direction, au travers d’un manuel de bonnes pratiques pour la commande publique. Celui-ci valorisera les intérêts de s’aligner sur la stratégie européenne, fournira des lignes de conduite dans trois domaines – l’approvisionnement, le développement de compétences et la technique – et présentera des pratiques exemplaires.
Respect des spécificités nationales et intégration des éléments constructifs
Comme l’explique Souheil Soubra, membre du PTNB, directeur Technologies de l’Information – CSTB, représentant la France dans l’EU BIM Task Group : « Nous avons d’ores et déjà fait passer deux messages concernant les manières d’orienter les travaux à réaliser :
- d’une part, ceux-ci ne doivent pas seulement être axés sur l’approche d’ingénierie intégrée, qui n’est pas commune à tous les Etat membres ;
- d’autre part, l’articulation des processus conception-construction-exploitation avec l’intégration des éléments constructifs (soit la question du lien entre les composants et systèmes constructifs d’une part et le BIM d’autre part) doit être prise en compte.
Contrairement à ce que certains croient, la France est belle et bien dans le peloton de tête des nations du BIM : la mise en cohérence des axes de développement du BIM en France par le Plan de Transition numérique, la contribution française aux différentes instances traitant de la normalisation du BIM, et son implication dans l’EU BIM Task Group en témoignent »