Si les Systèmes d’information géographique (SIG) et le BIM mettent tous deux en œuvre des données spatialisées et la modélisation d’objets, leur convergence dans le cadre de projets urbains n’est pour autant pas encore évidente. Le point avec Hervé Halbout, consultant SIG et 3D et membre actif du projet MINnD.

Le Blog du BIM : Quels sont les points de convergence entre SIG et BIM ?
Hervé Halbout : Le SIG et le BIM ont un principal point commun : les données, qui sont souvent géographiques. Le SIG a beaucoup travaillé sur leur structuration, leur connaissance et leur interopérabilité. Les infrastructures utilisent des données qui sont systématiquement géographiques, majoritairement en 3D et le volume de celles-ci ne cesse de croître. Quant à la construction, elle a acquis une grande maîtrise dans la conception des bâtiments – aujourd’hui en 3D – dans la gestion d’objets intelligents et dans l’interaction entre ceux-ci. Il s’agit donc de mettre en œuvre une transversalité et une gouvernance communes, qui d’une part ne remettent pas en cause les spécificités métiers des uns et des autres, et d’autre part, permettent de communiquer et d’échanger dans le cadre de projets territoriaux communs. En fait, il s’agit du principe même d’un process collaboratif. Je pense que c’est probablement le domaine des infrastructures qui pourrait être le meilleur médiateur pour cela, car il commence à échanger avec la construction et il connaît assez bien le SIG. Mais encore faut‐il que le SIG prenne rapidement conscience des enjeux autour du BIM et de la maquette numérique, afin de faire un pas en avant vers les autres domaines, et occuper la place collaborative qui lui incombe.

Le Blog du BIM : Quels sont aujourd’hui les freins à cette convergence ?
H.H. : Le principal frein est culturel. Les deux domaines apparaissent très séparés et avec des cultures d’entreprise différentes. Les « géomaticiens », qui gèrent les SIG, et les ingénieurs en charge de la conception de bâtiments ont des formations et des parcours distincts. Ils sont donc peu amenés à se rencontrer et à échanger. C’est à déplorer car, si leurs expériences divergent, elles sont complémentaires. Ils ont beaucoup à apprendre les uns des autres. En revanche, les éditeurs de logiciels, eux, savent intervenir de manière simultanée dans les deux domaines.
L’autre limite importante se situe au niveau des formats d’échange. Les bases de données liées au SIG et aux maquettes numériques – ainsi que les informations associées – vont être structurées de manière différente. Des travaux sont en cours au niveau international afin d’améliorer cet aspect. Ainsi, d’un côté, des normes sont définies par l’Open Geospatial Consortium, entre autres pour fournir des clés d’échange des données du SIG. De l’autre, on sait que les IFC et l’openBIM fonctionnent assez bien pour la problématique du bâtiment, mais pas encore tout à fait pour celle des infrastructures. Par exemple, si l’on souhaite travailler avec les IFC et les faire correspondre au format d’échange 3D de SIG CityGML, ce n’est pas encore tout à fait opérationnel. Mais cela évolue relativement rapidement.

Le Blog du BIM : Y a-t-il des exemples à l’international où cette convergence est plus avancée ?
H.H. : Je dirais que, globalement, mis à part quelques échanges ponctuels, les pays européens en sont tous à peu près au même point. Mais une prise de conscience générale est en train de s’opérer et notamment grâce au BIM, qui prend de plus en plus l’exploitation et la maintenance comme des enjeux de premier ordre. On peut noter une avancée au Royaume-Uni qui, depuis le début d’année, impose que tous les projets pour l’offre d’Etat soient systématiquement conçus en maquette numérique BIM. Cette obligation va bien au-delà du bâtiment puisqu’elle concerne tout ce qui touche à l’acte de construire, et notamment les infrastructures. De fait, cette composante de type géolocalisée rejoint la thématique du SIG. L’intérêt a été compris mais il est encore un peu tôt pour avoir un retour d’expérience concluant.

 

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