Si certains promoteurs immobiliers privés ont déjà adopté la maquette numérique – le BIM – cette nouvelle pratique nécessite certains ajustements pour se développer. Pourquoi ? Comment lever ces freins ? Quels sont les leviers proposés par la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI) ? Philip Gibon, directeur technique de la FPI, nous répond.

En quoi le BIM intéresse-t-il les promoteurs immobiliers ?
Philip Gibon : Le BIM est une évidence, une évolution incontournable. Il permet une conception plus précise et donc un résultat plus qualitatif à tous les stades de l’opération. D’autant que les études -plus justes – donnent lieu à une meilleure estimation et une réduction des coûts.
Compte tenu de ces avantages, la FPI s’est naturellement engagée sur cette voie. Nous participons à de nombreuses réunions sur le sujet comme celles du PTNB ou de Mediaconstruct, dont la FPI est membre.
Si une partie des promoteurs immobiliers que nous représentons est déjà largement investie dans la maquette numérique, il s’agit essentiellement des promoteurs nationaux (Bouygues Immobilier, Eiffage Immobilier, Vinci Immobilier, Nexity…), dans le cadre de leurs projets d’immobilier d’entreprise. La FPI œuvre actuellement à promouvoir cet outil auprès de tous ses adhérents, sur l’ensemble du territoire national pour l’ensemble de leur production.
A noter qu’aujourd’hui dans le secteur du logement collectif, les bailleurs sociaux sont en avance sur les promoteurs immobiliers privés. Et pour cause. D’une part, au-delà de la conception du projet, ils utilisent aussi le BIM pour la gestion des immeubles qu’ils gardent en patrimoine. D’autre part, ils sont « poussés » par les pouvoirs publics qui encouragent l’usage du BIM pour les marchés d’Etat, sans pour autant le rendre obligatoire. Les promoteurs, qui travaillent avec les bailleurs sociaux en leur vendant une partie de leurs logements neufs, doivent donc combler ce retard !

Quelles démarches BIM avez-vous mises en place au sein de la FPI ?
P.G. : Deux commissions de la FPI travaillent actuellement sur le BIM. La première, la commission construction, qui dépend de la direction technique de la FPI, traite du BIM dans sa dimension technique. La seconde, la commission 2.0, se consacre au numérique, au logement connecté et dans la même lignée au BIM sous l’angle commercial car la maquette numérique permet également les visites virtuelles en 3D. Chaque commission qui comprend environ 20 membres, se réunit tous les 2 mois minimum et intègre un sous-groupe de travail qui se consacre exclusivement au BIM et lui remonte le fruit de ses analyses à chacune de ses réunions.
Début juillet, la FPI organisera également pour ses adhérents un séminaire BIM, en partenariat avec l’ESTP qui a créé récemment un Master spécialisé dans le BIM. Y interviendront des professionnels spécialistes du sujet, dont Pierre Mit, président de Mediaconstruct.
Enfin, après tous ses échanges avec les spécialistes du sujet rencontrés lors des réunions du PTNB, de la DHUP, de l’association Apogée, de Médiaconstruct, nous émettrons une note interne sur le BIM (présentation, analyse des lois, etc.) pour informer davantage nos adhérents sur le sujet.

A quels freins font face les promoteurs immobiliers concernant le BIM ?
P.G. :Le BIM va profondément changer la façon de travailler des promoteurs immobiliers. Alors qu’actuellement les promoteurs ont tendance à vouloir sécuriser leurs opérations immobilières (purge du permis de construire et pré-commercialisation) avant d’engager la dépense du DCE, l’utilisation de la maquette numérique leur imposera d’anticiper au maximum les études techniques pour lancer leurs appels d’offres sous format BIM.
De plus, les opérations de logements collectives sont, dans la majorité des cas, réalisées en corps d’état séparés avec des PME, voire des TPE, qui à l’heure actuelle ne se sont pas encore approprié ce nouvel outil, soit par manque de moyen, soit pour cause d’un volume d’affaires trop faible. Les entreprises doivent se former et former leurs collaborateurs.

Quelles actions permettraient, selon vous, d’inciter les promoteurs immobiliers à se lancer ?
P.G. : Il faut insister sur l’importance des études auprès des promoteurs immobiliers. Bien qu’elles représentent un investissement de départ, elles permettent in fine de faire des économies et sont donc rentabilisées. Sans compter qu’elles optimisent la qualité du projet et donc la satisfaction du client final ! C’est un message que nous essayons de faire passer.
Les promoteurs immobiliers ont aussi un rôle à jouer : Ils doivent accompagner leurs entreprises partenaires (PME et TPE) sur la nécessité d’apprivoiser le BIM sur les projets. Cela peut, par exemple, passer par la mise en place d’un BIM manager qui interviendrait pour le compte de la maitrise d’ouvrage auprès de l’ensemble des intervenants (maitrise d’œuvre, BET et entreprises) pour coordonner toutes les études sous forme numérique pour les premières opérations. Cette politique d’incitation au sein du réseau permettra au BIM de se développer.

 

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