Lancé en 2012, le projet de la Cité des Civilisations du Vin (CCV) à Bordeaux confirme combien le BIM est capable de répondre à des problématiques complexes, que ce soit en phase de conception ou de construction. Jean-Baptiste Valette, représentant VINCI CONSTRUCTION FRANCE au sein de Mediaconstruct et chef de service Ingénierie Modélisation des Projets chez VINCI CONSTRUCTION FRANCE, qui a remporté le marché du clos-couvert, revient sur cette expérience réussie.
« La Cité des Civilisations du Vin est un bijou d’une complexité rare mais à coût maitrisé. Techniquement, ce projet nécessitait une organisation parfaite et une capacité d’optimisation et d’innovation élevée », explique Jean-Baptiste Valette. Destiné à accueillir les visiteurs à partir du printemps 2016, l’ouvrage final, évocation d’un « élément liquide » placé à proximité du pont Chaban-Delmas, contiendra un centre culturel, un musée, un restaurant, des boutiques et des bureaux.
Le BIM, accompagnateur de projet
La place du BIM dans la conception et la construction du CCV a été centrale. Véritable facilitateur, la maquette numérique a d’abord permis de modéliser l’ouvrage en 3D et d’évaluer combien la forme souhaitée pour le bâtiment, exposé au vent, réclamait de travail d’adaptation pour être réalisable. « La façade du clos couvert et du tore est composée d’une façade toiture continue en verre et métal supportée par des chandelles portant sur une structure en bois lamellé-collé, couverte d’un manteau isolant et d’étanchéité : le tout formant des courbes complexes et irrégulières, décrit Jean-Baptiste Valette. La tour quant à elle a une façade traditionnelle doublée d’une façade à facettes de panneaux de verre tenus à des poteaux gauches en bois lamellé-collé. Chaque pièce qui compose la façade-couverture est unique ! Imbriquer les panneaux les uns aux autres, avec des matériaux, des tailles et des formes différentes, nécessite une réflexion prenant en compte la fabrication avec le plus de précision possible en amont. La production des éléments de la structure, qui n’est pas réalisable sur site, est optimisée avec un principe d’étiquetage pour une parfaite coordination sur le terrain. Résultat : moins de manipulations et donc de risques sur le chantier. C’est un travail minutieux pour un véritable mastodonte. »
Dans les moindres détails
L’optimisation géométrique des façades a permis de détecter les zones « bloquantes » pour faire face aux contraintes (liées aux choix des matériaux, à la résistance sismique, à la gestion des eaux pluviales, au vent…). Certaines parties de la façade ont en plus la particularité d’être « démontables »… Les platines, les chandelles, les entretoises, les vis (avec un nombre, des placements, des distances de pinçage et des angles bien précis)… sont autant de détails que l’utilisation du BIM a permis d’optimiser.
Gains multiples
« Le BIM, lorsqu’il est bien utilisé, permet des gains importants. Rien que pour la charpente, nous avons mis environ 5 fois moins de temps pour la partie études et 15 fois moins en ce qui concerne la phase de fabrication des pièces, évalue Jean-Baptiste Valette. Certes un tel ouvrage aurait pu être fait avec une méthodologie moins avancée, mais le respect des délais et une telle qualité de conception aurait été impossible. » Vérification, dialogue et prise de décision en amont du chantier, partage et interopérabilité des modèles 3D, pilotage de la fabrication… à tous les niveaux, le choix des logiciels BIM IFC s’est révélé gagnant. Et même si les métrés ont été calculés sur d’autres logiciels, le transfert des données a permis une bonne coordination entre les acteurs.
Le BIM devient incontournable
Au-delà de ce projet ambitieux, Jean-Baptiste Valette constate combien le BIM devient, depuis cette année, incontournable : « De plus en plus d’appels d’offres font état de l’importance de requérir à la maquette numérique. L’intérêt pour tous les acteurs de la construction est indéniable, mais il faut avancer progressivement. Le BIM, et encore davantage l’IFC, sont des chocs d’envergure pour les entreprises du BTP. Le rôle du BIM Management (d’entreprise ou de projet) et de la formation à tous les niveaux est essentiel. Il faut bien faire comprendre que le BIM est avant tout une nouvelle organisation à mettre en place. Il oblige, pour être réellement efficace, à travailler en toute transparence et de façon pro-active ».