Afin d’éviter pour chacun des projets de générer des BIM spécifiques, les acteurs du BTP doivent créer leurs spécifications d’échanges et les décrire conformément à leurs métiers, leurs besoins, leur savoir-faire dans des modèles de données. La normalisation va être ainsi un facteur clé d’appropriation du BIM.

Les DATA trous

Marie-Claire Coin (Eiffage Construction) mandatée par EGF-BTP pour contribuer aux travaux au sein de la Commission AFNOR/PPBIM, explique : « Avec le BIM il y aura des gains économiques… à condition de « processiser » et de rediriger l’énergie des professionnels vers leur véritable valeur ajoutée. La normalisation du BIM a d’abord commencé avec l’interopérabilité des outils (format d’échanges IFC), puis les industriels se sont emparés du sujet avec la norme PPBIM. Elle doit maintenant porter sur un aspect plus opérationnel : quoi faire et comment faire. Aujourd’hui chacun élabore des chartes selon sa manière de vivre son métier ou le projet. Nous avons tous besoin d’une méthodologie commune sur le ‘comment les données du projet sont créées, partagées et enrichies dans le temps’, ce qui implique le degré de maturité des données, les spécifications techniques, ou encore les besoins en fonction des exigences du livrable…Hors à l’heure actuelle, il existe un certain nombre d’inconnues, on pourrait dire de ‘trous dans la raquette’. C’est pourquoi les travaux de normalisation s’attèlent aujourd’hui à définir :

• les datadrop (les données d’entrées et de sorties),

• les datahow (circuit de l’information)

• les dataflow (les phases)

Sans empiéter sur le territoire de l’autre, nous avons besoin de dépasser un peu nos disciplines et de partager nos exigences métier, le tout dans le respect du savoir-faire de chacun qui sera alors reconnu. Un référentiel normé de process-métiers intégrant le modèle d’exigences du client permettra à toute entreprise de se lancer avec confiance dans le BIM
».

Les 3 axes de la normalisation du BIM

IFC. La première brique consiste au formatage des informations échangées dans le cadre de maquettes numériques passant par l’usage de logiciels de modélisation ou de simulation. Ce qui suppose une « ontologie » pour classer les « composants » (mur, porte, fenêtre, plancher…), pouvoir attacher des informations à une géométrie pour représenter le composant, et enfin pour définir des relations entre les composants. Tout ceci compose la norme ISO 16769:2013 Industry Foundation Classes. Un des enjeux actuels est donc que cette norme internationale devienne une norme européenne et française, afin d’encourager les développements des éditeurs de logiciels nationaux vers l’interopérabilité.

PPBIM. Le renseignement de la maquette avec des produits ou des systèmes constructifs place les industriels au cœur des enjeux de prescription dans le cadre du cycle de vie du bâtiment numérique, mais aussi u respect de la liberté de choix. Là aussi, il y a besoin de normalisation pour établir une méthodologie commune de description et de gestion des propriétés des produits et systèmes. Cela va permettre d’harmoniser les dictionnaires de propriétés des produits. La France s’est emparée du sujet au travers de l’Afnor, l’AIMCC et de Mediaconstruct : début 2015, la norme expérimentale XP P07-150 dite PPBIM a été publiée et a été portée au Comité Européen de Normalisation avec ses 33 pays membres. A ce jour, ce projet n’a pas été accepté par le comité technique européen. La France a néanmoins obtenu l’animation et le secrétariat du groupe de travail dédié à ces problématiques. En novembre dernier, Mediaconstruct a obtenu que PPBIM soit le socle de développement les modèles de données produits (Product data template ou PDT) dans la Product Room BuildingSMART international.

IDM. Echanger suppose aussi des règles d’utilisation selon l’étape du cycle de vie, le niveau de détail attendu, le métier et le type de projet. C’est pourquoi, la France a proposé un projet « Informations delivery manual » pour normaliser les spécifications pratiques d’échanges, déconnecté du mode de dévolution des marchés et des acteurs liés à des réglementations nationales. Si le projet n’a pas été retenu tel quel, un groupe a pourtant bel et bien été créé sur les IDM au niveau européen (CEN/TC 442 BIM), dont le secrétariat est assuré par l’Autriche.

 

La France, acteur de la normalisation du BIM

La France est moteur au niveau européen et s’investit aussi dans les travaux internationaux de l’ISO sur le cycle de vie du bâtiment, afin d’être active sur les deux fronts des IDM. En appui des travaux de la commission de normalisation AFNOR/PPBIM, Mediaconstruct s’implique également dans les enjeux de la normalisation du BIM tout comme EGF BTP. Ce Syndicat des Entreprises Générales de France partage l’expertise de ses membres et délègue des professionnels au profil technique (Marie-Claire Coin Eiffage Construction , Daniel SAID Bouygues Construction, Claude Dumoulin expert anciennement Bouygues Travaux Publics) dans les instances normatives afin que les normes soient élaborées en droite ligne avec les pratiques terrain..

 

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