Le BIM est désormais au cœur des préoccupations de la construction et de la maintenance des bâtiments. Et si son intérêt ne s’arrêtait pas là ? Les données contenues dans la maquette numérique d’un bâtiment pourraient tout à faire servir lors de sa déconstruction dans une vingtaine d’années. Philippe Pellevoisin, directeur technique et innovation chez Colas Île-de-France Normandie nous présente les perspectives du BIM dans le secteur de la démolition.

Première étape : sauvegarder le BIM jusqu’à la déconstruction

Tout comme la construction, la déconstruction demande un haut niveau d’expertise, d’autant plus que les risques sécuritaires y sont plus élevés. L’équipe technique de déconstruction de Colas comprend notamment cinq ingénieurs spécialistes en Structures et en géotechniques aux compétences techniques très pointues. Ils œuvrent à optimiser les méthodologies de déconstruction et à s’affranchir des risques d’effondrement. Philippe Pellevoisin, s’est tourné vers la maquette numérique. Il participe notamment à un groupe de travail BIM au sein du Syndicat National des Entreprises de Construction (SNED). « Les bâtiments construits en BIM ne seront démolis que dans 20 ou 30 ans. Nous commençons donc par étudier la problématique de conservation de la maquette numérique sur cette période. La technologie avance vite. Aujourd’hui, nous démolissons des immeubles dont les données ont été conservées sur des disquettes souples ! Il est essentiel que les maquettes BIM renfermant les données des immeubles construit de nos jours restent utilisables jusqu’à la déconstruction de ces bâtiments. Au sein du groupe de travail, nous réfléchissons donc à la création de plateformes collaboratives susceptibles de gérer les données BIM et d’éviter leur obsolescence technique. »

 

Et demain ? Des budgets en adéquation avec la réalité terrain…

« Dans 30 ans, pour tous les bâtiments construits avec le BIM, nous connaîtrons avec précision la nature des matériaux utilisés : bétons et performances mécaniques de ceux-ci, acier, plâtre, laine de roche, polystyrène, etc., ainsi que leur quantités, explique Philippe Pellevoisin. Ces informations nous permettront d’estimer avec une meilleure précision les coûts de déconstruction. » Le BIM permettrait aux maitres d’ouvrage d’obtenir des prix au plus près du réel. Un avantage également pour les entreprises de déconstruction qui n’auront plus la mauvaise surprise d’un chantier plus onéreux que le forfait établi initialement. « Autre atout non négligeable, ces données faciliteront l’organisation du tri des déchets et leur recyclage. »

 

… et des process optimisés

Outre l’estimation des coûts, la maquette BIM permettra d’organiser plus efficacement les étapes de démolition. « La méthodologie de déconstruction est propre à la constitution structurelle des ouvrages, rappelle Philippe Pellevoisin. Lorsque vous démolissez une tour de 30 étages, il est parfois nécessaire de monter des engins au dernier étage. Il faut alors connaître les caractéristiques structurelles de l’ouvrage afin d’être certain qu’il sera en mesure d’en supporter le poids. Autre exemple, sur un immeuble tel que l’hôtel Pullman déconstruit par COLAS IDFN en 2014, la piscine du toit est soutenue par des poutres en béton précontraint qui nécessitent des procédures de déconstruction particulières. Connaître leur caractéristiques exactes aurait été un vrai plus. Avec le BIM, nous serons en mesure d’anticiper tous ces éléments et de mettre en place des méthodologies de démolition optimales. » Autre atout, le BIM donne à voir en 3D la configuration intérieure du bâtiment. « Sur un bâtiment de grande hauteur, nous serions en mesure de circuler dans la maquette numérique et de prévoir le cheminement d’évacuation des gravas le plus approprié. »
Finalement, « les gains se compteraient non seulement en termes de coûts et de temps mais aussi de sécurité, un enjeu essentiel de notre secteur », conclue Philippe Pellevoisin.

 

  

Cet article est une création originale de Mediaconstruct

 

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