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Les travaux de normalisation autour du BIM portent sur les échanges. Ces derniers peuvent se classer en trois catégories : les échanges par des dictionnaires de propriétés, par un langage commun et par des processus harmonisés. Le point sur les six normes concernées avec Marie-Claire Coin, directrice Convergence BIM de VINCI Construction France.

Blog du BIM : Quels sont les enjeux de la normalisation du BIM ?
Marie-Claire Coin : Ce que nous cherchons à normaliser dans le BIM, ce sont les échanges. Les trois chapitrages qui y sont liés – la terminologie, le dictionnaire de propriétés, les langages machines et les processus – constituent la base du BIM tel que nous le concevons aujourd’hui. La commission nationale de normalisation Afnor/PPBIM porte ces sujets en miroir des travaux effectués au niveau européen via le CEN et au niveau monde via l’ISO. Les normes ISO, sont considérées plus éloignées car non reprises systématiquement dans notre collection nationale, a contrario, les normes CEN deviennent systématiquement des normes de notre catalogue NF, donc plus proches et plus facilement appelables dans nos Marchés.

Blog du BIM : Sur quoi porte précisément la norme expérimentale liée aux dictionnaires de propriétés ?
M.-C. C. : La norme expérimentale XP P07 150 « Propriétés des produits et systèmes utilisés en construction – Définition des propriétés, méthodologie de création et de gestion des propriétés dans un référentiel harmonisé » est une norme de méthodologie visant à décrire les propriétés des composants ou produits entrant dans la définition des ouvrages. L’ensemble des acteurs de la filière de la construction sont concernés : il s’agit de créer un vocabulaire commun par un dictionnaire de propriétés ou de groupes de propriétés, qui enlève toute ambigüité. Ainsi, cela permet d’être totalement en accord entre une question « ce qui est attendu », et la réponse « la solution opérationnelle ». Les professionnels disposeront donc désormais d’une structuration de l’information qui sera partagée par tous, de façon à ce que nos modèles numériques soient cohérents.

Blog du BIM : Quelle est l’autre norme liée aux propriétés ?
M.-C. C. : C’est la NF EN ISO 12006-3, dont le nom complet est « Construction immobilière – Organisation de l'information des travaux de construction – Partie 3 : schéma pour l'information basée sur l'objet – Bâtiments et ouvrages de génie civil – Organisation de l’information concernant les travaux de construction ». C’est la norme socle et fondatrice de nos travaux (XP P07-150) et de la façon dont sont décrits des ensembles dans des dictionnaires. Elle permet d’installer des pratiques partagées. Une révision à la marge a été demandée au niveau européen afin qu’elle soit adaptée aux travaux qui se mènent actuellement.

 

Figure extraite de la feuille de route pour la normalisation, publiée au PTNB

 

Blog du BIM : Qu’en est-il des échanges en termes de langage ?
M.-C. C. : C’est le champ de la norme NF EN ISO 16739, « Classes de fondation d'industrie (IFC) pour le partage des données dans le secteur de la construction et de la gestion des installations ». Elle définit la façon dont l’information va être structurée pour pouvoir être lue et correctement interprétée par les « machines » logiciels. Là encore, toute la filière est concernée puisqu’il s’agit de disposer d’un langage commun et neutre pour l’openBIM. Il est dans l’intérêt de tous les professionnels que cela fonctionne bien et qu’ils puissent tous utiliser de façon systématique un langage interopérable de qualité. Chacun pourrait ainsi échanger avec des solutions logicielles qui lui sont propres, en évitant de se heurter à une solution d’un éditeur unique avec un seul format natif. Cela implique d’être très précis sur la façon dont les éléments sont modélisés à la source afin qu’ils soient correctement interprétés dans le format IFC.

Blog du BIM : Après le langage, le processus : sur quoi porte la norme NF EN ISO 29481 ?
M.-C. C. : La norme NF EN ISO 29481 « Modèles des informations de la construction – Protocole d'échange d'informations – Partie 1 : méthodologie et format et Partie 2 : cadre d'interaction » est le texte mère de ce qu’on appelle aujourd’hui les conventions BIM. C’est la norme des IDM. Elle définit la façon dont s’organisent les études pour la réalisation d’un projet en BIM. Elle est une pièce importante pour tous les acteurs de la filière. La norme 19650 s’intéresse au Management de l’information dans les projets réalisés en BIM. Elle est un enfant la NF EN ISO 29481, enrichie des travaux britanniques sur les PAS (standard). Elle traite de la définition des exigences du client et de la façon d’organiser le management de l’information pour y répondre. A ce jour, elle est en instruction et n’a pas encore le statut de norme.

Blog du BIM : Enfin, quel est l’objet de la norme LOD ?
M.-C. C. : La norme LOD ou LO « x » vient d’entrer dans le processus d’élaboration d’une norme le 11 septembre dernier. Sa dénomination va changer : elle va s’appeler LOIN, pour Level Of Information Need. L’idée est d’en faire une « boîte à outils » en réponse aux besoins du projet (need) pour l’utilisateur car elle correspond à toute la nature de ce qu’on livre. Elle va asseoir des définitions partagées de level of… : les level of geometry, level of information, level of abstraction, level of completness…. qui pourront être associés distinctement à nos maquettes d’ouvrages et leurs composants. La partie 1 développe les concepts, la partie 2 s’intéressera à la méthode. Jusqu’à présent, les pays emploient des dénominations et des échelles associées différentes (ND en France, LOD aux Etats-Unis…). Le but est donc de réconcilier ces ensembles de vues dans un document commun harmonisé.

 

Cet article est une création originale de Mediaconstruct

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