Spécialiste de l’enveloppe extérieure des bâtiments et de la pose de bardages, Isore Bâtiment utilise la photogrammétrie embarquée par drones pour obtenir des nuages de points destinés à servir de support à l’élaboration d’une maquette numérique. Le point avec Anne Manier, Adjointe au Directeur technique.
Dans quel cadre avez-vous commencé à utiliser des drones pour effectuer des relevés de cotes ?
Anne Manier : Nous avons réalisé des premiers essais de relevage de points en scan 3D pour des réhabilitations de bâtiments mais nous nous sommes rapidement heurtés à un problème de recul. Le bâtiment était trop élevé mais aussi isolé : nous n’avions pas la possibilité de passer par la terrasse d’un bâtiment voisin, ce qui se fait d’habitude dans ce contexte. Après quelques recherches, notre Responsable de l’Innovation a trouvé cette technique de photogrammétrie qui permet de déterminer les dimensions et les volumes des objets à partir de photos montrant les perspectives. Le drone n’est qu’un moyen – la photogrammétrie pouvant également être mise en œuvre « à pied » – qui rend possible les mesures du haut des bâtiments lorsqu’ils ne sont pas accessibles autrement et que l’on a besoin des détails de l’acrotère, par exemple.
Comment se déroule l’opération ?
A.M. : Nous passons par un prestataire extérieur, LCSII, car nous ne disposons pas des outils nécessaires pour le faire nous-mêmes. Il faut en premier lieu demander les autorisations pour survoler le bâtiment. Ensuite, une personne sécurise le périmètre afin de s’assurer que personne ne passe sous le drone, pendant que la deuxième personne manipule le drone tout autour du bâtiment. Le relevé se concrétise sous forme d’un nuage de points que nous allons traiter en modèle numérique. Dans un premier temps, il s’agit d’un modèle uniquement réalisé avec des lignes qui va nous servir de support de plan. Ce support nous permet ensuite de recréer la maquette numérique du bâtiment à partir d’objets. Nous travaillons sur des bâtiments existants pour lesquels il n’existe pas de maquette numérique, ce qui justifie l’utilisation de la photogrammétrie. Comme notre BET travaille exclusivement sur REVIT en maquette numérique, nous avons besoin de la créer. Une fois que nous avons intégré nos éléments de bardage dans cette maquette, elle est partagée entre tous les intervenants.
Quels sont les avantages de cette technique ?
A.M. : Le principal avantage est le gain de temps. Avant, effectuer les relevés mobilisait deux personnes en interne sur une demi-journée, avec l’utilisation d’une nacelle. Le fait de faire appel à un prestataire est économiquement viable pour nous et le surcoût est rentabilisé par la rapidité avec laquelle nous obtenons ces données, de plus nous ne faisons plus d’aller-retours pour relever des côtes manquantes. Nous n’avons plus qu’à rentrer ces données dans notre système pour élaborer la maquette. L’autre avantage est l’exactitude de ces données. Cela met en lumière les faux aplombs des murs et selon leur importance, nous les faisons figurer dans la maquette. Il y a toujours une interprétation à faire. Jusqu’à présent, on faisait le relevé au mètre du RDC et du premier étage et on extrapolait pour les étages supérieurs. Sur chantier, les équipes faisaient en sorte d’absorber les différences de béton sur la longueur de l’équerre, avec parfois des changements d’équerres au dernier moment, avec ce que cela implique comme perte de temps, notamment due aux délais de livraison des équerres. Aujourd’hui, nous décelons les faux aplombs. Là où nous partions auparavant sur des équerres de 140 mm, par exemple, aujourd’hui nous pouvons anticiper et savoir en amont que nous aurons besoin de jeux d’équerres de 140 et 160.
Sur quels projets avez-vous utilisé cette technique ?
A.M. : Nous en sommes à notre 4e projet utilisant la photogrammétrie. La rénovation du siège de la Mutualité sociale agricole de Loire-Atlantique, à la Roche-sur-Yon, est en cours. Les relevés ont été effectués en septembre 2015 et la livraison est prévue pour septembre 2016. Il s’agit d’un bâtiment de taille très importante qui présentait beaucoup de décrochés et de retours et sur lequel nous avons 1 700 m2 de bardage à poser. Dans ce contexte, les relevés par drones se sont avérés indispensables.
Modélisation 3D par drone – Projet de La Roche-sur-Yon
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